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Comment limiter sa surconsommation ?

NB : cet article est une adaptation de l’épisode 1 du podcast, sur le sujet de la surconsommation, qui peut être écouté sur la page dédiée.

Surconsommation : de quoi parle-t-on ?

Rappelons le contexte : nous vivons dans une société de consommation, le système économique en place nécessitant la circulation de l’argent pour pouvoir fonctionner.

La consommation ne paraît donc pas être un problème dans l’absolu : elle permet à l’être humain de se nourrir, de s’habiller, de se loger, ou encore de se déplacer, tout en assurant une certaine stabilité économique.

La définition de la consommation telle qu’elle est donnée par la 9e édition du dictionnaire de l’Académie française est la suivante :

"Utilisation de biens et de services destinés à satisfaire les besoins individuels ou collectifs"
Définition du terme "consommation"
9e édition du dictionnaire de l'Académie française

Malheureusement, cela fait maintenant quelques décennies que nous avons dépassé ce stade et que notre consommation excède nos besoins réels, aboutissant au phénomène de surconsommation.

Cette définition peut sembler évidente, mais il n’est pas inutile de la rappeler, tout un chacun ne réalisant pas nécessairement qu’il a atteint un stade de surconsommation. Il est souvent difficile de faire le ménage devant sa porte.

La surconsommation, c’est donc la consommation au-delà de ses besoins « réels ». Toute la question résidant dans le fait de savoir ce que recouvre le terme « réel ».

Les adeptes de la pyramide de Maslow noteront que ces besoins réels présentent de multiples facettes, allant de la survie à l’accomplissement de soi, et il est délicat – sinon impossible – de définir de manière absolue ce qu’est un tel besoin réel.

Qui n’a jamais eu envie de réaliser un achat pour se remonter le moral ? S’agit-il d’un besoin réel parce qu’il nous permet de nous sentir mieux, même temporairement, même si l’achat en lui-même n’est pas indispensable à notre vie quotidienne ?

Les enjeux liés à la surconsommation

Objectivement, les preuves de la surconsommation sont multiples : gaspillage alimentaire, destruction de vêtements non vendus à l’échelle des entreprises, remplacements d’objets non obsolètes, achats inutiles comme des chaussures jamais portées, lumière des boutiques allumées la nuit ou dans une pièce vide de la maison, etc.

Photo by Jakob Owens on Unsplash

Et cette surconsommation, admise comme telle ou pas, est problématique pour au moins deux raisons assez évidentes :

  • l’excédent de consommation a un impact écologique qui pourrait être évité – car il ne correspond pas à un besoin réel – et qui peut mener à terme à un épuisement des ressources naturelles ;
  • il grignote inutilement notre pouvoir d’achat.

Essayons de voir comment limiter la casse.

Première étape : la prise de conscience

De la difficulté de se détacher de la surconsommation

La première étape – probablement la plus difficile – est de prendre conscience de sa propre surconsommation.

Celle-ci trouve ses origines dans les Trente Glorieuses. La manière de consommer, à l’issue de la Seconde Guerre Mondiale, a considérablement changé, en parallèle d’un discours marketing incitant de plus en plus à la consommation. Dans le même temps, les notions de confort et de prestige social ont pris de plus en plus de place.

Ce mode de consommation excessif s’est donc quelque part inscrit dans l’inconscient collectif, et a longtemps été considéré comme normal. Jusqu’à sa remise en cause profonde ces dernières années.

Les publicités sont partout autour de nous, dans la rue, sur nos écrans, et cette omniprésence laisse à penser que nous avons besoin, sans cesse, de nouveauté, et que donc consommer plus que nécessaire est normal.

Pire encore, la banalisation de la surconsommation occulte son impact sur l’environnement : puisque, après tout, il est normal de surconsommer, pourquoi cela aurait-il un impact écologique?

Il est donc autant primordial que difficile, à son échelle, de développer un esprit critique sur ce sujet.

Les symptômes

Alors, pour prendre la mesure de notre surconsommation, arrêtons-nous un instant et jetons un coup d’œil à notre environnement du quotidien :

  • notre placard contient-il des chaussures que nous n’avons portées qu’une fois (le jour de leur achat) ?
  • notre garde-robe contient-elle des vêtements que nous avions oubliés ?
  • laissons-nous la lumière allumées dans toutes les pièces de notre logement, alors que nous ne passons le plus clair de notre temps que dans l’une d’entre elles ?
  • laissons-nous le robinet d’eau couler pendant que nous nous lavons les dents ?
  • avons-nous remplacé récemment notre smartphone, notre télévision, notre canapé, notre ordinateur, notre piano, parce qu’un nouveau modèle semblait plus performant ou plus prestigieux ?
  • avons-nous retrouvé une ponceuse jamais sortie de son emballage parce que nous n’avons jamais mené à bien ce projet de rénovation de meubles que nous avions eu un jour ?

La liste est bien entendu non exhaustive mais, si nous nous sommes retrouvés d’une manière ou d’une autre dans une de ces situations, il y a de fortes chances que nous soyons atteints du syndrome de la surconsommation.

Pas d’inquiétude, ça se soigne.

Précisons d’emblée qu’il ne s’agit pas de juger ou de culpabiliser. La surconsommation est malheureusement inscrite dans les gènes de notre société, et en prendre conscience n’est pas un exercice facile.

Mais quand on dépense 1 000 euros pour une télévision alors que l’ancienne fonctionnait encore très bien, sous prétexte d’une meilleure qualité d’image, on peut tout de même se demander si cet argent n’aurait pas été mieux investi ailleurs.

Par exemple, selon les goûts :

  • un voyage ;
  • 50 repas au restaurant avec des amis ;
  • 4 semaines de courses ;
  • gonfler son épargne.

La question du confort

Il faut se méfier des promesses de « toujours plus de confort ».

L’objectif d’une entreprise est de nous vendre un produit ou un service. A ce sujet, rappelons l’article 1832 du Code Civil :

« La société est instituée par deux ou plusieurs personnes qui conviennent par un contrat d’affecter à une entreprise commune des biens ou leur industrie en vue de partager le bénéfice ou de profiter de l’économie qui pourra en résulter. Elle peut être instituée, dans les cas prévus par la loi, par l’acte de volonté d’une seule personne. »

L’objectif d’une entreprise, par nature, est de tirer un bénéfice de son activité. Ce qui n’est pas une mauvaise chose en soi (il faut bien manger !), mais il faut garder en tête que, par conséquent, elle souhaite avant tout vendre ce qu’elle produit.

Si elle nous a déjà vendu une télévision, il faudra bien qu’elle trouve un moyen pour nous en vendre une autre, sans quoi elle peut plier boutique. Le prétexte peut être un nouveau standard d’image, ou un écran plus grand.

La téléphonie mobile nous vend la 3G, puis la 4G, puis la 5G. A-t-on vraiment besoin d’une connexion toujours plus rapide ? de regarder des vidéos sur son téléphone à longueur de temps ou de gagner une dizaine de secondes sur un téléchargement ?

En d’autres termes, est-il indispensable de dépenser plus, pour passer d’un niveau de confort de 9/10 à 9,05/10 ?

Deuxième étape : évaluer ses besoins

Identifier ses passions

Tu as réalisé ton auto-diagnostic et constaté que tu avais une légère tendance à la surconsommation ? C’est une première étape de franchie, et pas des moindres !

Mais maintenant, qu’est-ce qu’on fait ?

On l’a vu, la surconsommation correspond à un excès de consommation par rapport à nos besoins réels, et la difficulté qu’il y a à définir cette notion de « besoin réel ». Chacun aura sa propre définition.

Hormis les besoins nécessaires à la survie et partagés par l’ensemble des individus, chacun définira ses besoins par rapport à sa situation personnelle et à ses passions.

Un philatéliste voudra investir dans de nouveaux timbres, un adepte de la mode dans de nouveaux vêtements, un collectionneur de voitures… dans des voitures. Je pense que tu as compris l’idée.

Inversement, les timbres, les voitures ou les vêtements paraîtront futiles à d’autres.

Un bon point de départ est donc de réduire ta consommation dans les domaines de ta vie qui ne touchent pas à ta passion, et dans lesquels tu constates un laisser-aller.

 Il est plus facile de changer ses habitudes lorsque l’on n’est pas tiraillé par des sentiments contradictoires, en l’occurrence assouvir une passion et protéger l’environnement et son porte-monnaie.

L’impact de la mode sur l’environnement (entre autres) commence à être bien connu, mais si c’est un domaine qui te passionne, il est à mon sens contre-productif, sur une démarche de long terme, de commencer ta transition écologique par ce domaine.

Mieux vaut s’attaquer à des domaines dans lesquels tu accepteras plus facilement les compromis.

Si, par exemple, tu as investi dans une tenue de sport que tu ne mets jamais (on l’a tous fait, surtout après le Nouvel An), alors sois vigilant lors de tes futurs achats dans le domaine du sport.

Une tenue de sport suffit, surtout si elle reste au placard. Achètes-en à la limite une deuxième pour tenir compagnie à la première, puis tiens-t’en là.

Évaluer avant d'acheter

Identifier les domaines sur lesquels travailler est un premier pas. Pour les achats que tu prévois de faire dans ces domaines, tu peux analyser ton besoin en pondérant les critères suivants :

  • nécessité – s’agit-il de remplacer un pantalon complètement usé ?
  • durabilité – dans combien de temps le produit que tu souhaites acheter va devenir obsolète ?
  • rapport qualité/prix – le prix d’achat, potentiellement élevé, est-il cohérent avec la qualité du produit/service ? Cela ne veut pas dire nécessairement acheter à bas prix, mais de savoir si le prix est juste compte-tenu de ce qui est proposé. Un vêtement cher mais de qualité est censé tenir sur la durée et t’éviter d’autres achats, d’où sa rentabilité à moyen terme ;
  • dimensionnement – est-ce adapté à l’utilisation que j’en aurai, ou est-ce surdimensionné ? Par exemple, pour faire un aller-retour entre le travail et la maison, est-il nécessaire d’acheter un 4×4 ?
  • usage prévu – vais-je utiliser cet outil plusieurs fois ? Si non, est-ce que je ne peux pas plutôt le louer ?

Apprendre à s'écouter

Les réponses que tu apporteras à ces questions pourront t’être d’une grande aide pour savoir si l’achat que tu envisages correspond à un besoin réel.

Je rajouterais autre chose : suivre son intuition. Trop souvent ignorée au profit d’une réflexion cérébrale, notre intuition nous envoie pourtant des signaux plutôt clairs si l’on prend la peine d’y prêter attention.

Parfois, lorsque l’on fait un achat inutile, on le « sent ». Ce qui n’empêche pas de le faire si l’on n’écoute pas la petite voix en nous qui nous dit que, là, on va dépenser de l’argent pour rien.

L'adaptation hédoniste

Un autre concept me paraît essentiel à prendre en compte.

Dans l’excellent livre « Le Personal MBA », de Josh Kaufman, qui fait partie des livres dont je te recommande la lecture, l’auteur évoque entre autres choses la notion d’ « adaptation hédoniste ».

Derrière cette expression relativement absconse au premier abord se cache le concept d’épuisement du plaisir dans le temps.

Lorsqu’on achète un nouveau produit, par exemple un tee-shirt ou un téléphone, on est content de son achat, et on ressent une certaine joie. Celle-ci perdure lors du trajet de retour chez nous, puis lorsque l’on porte ce vêtement pour la première fois où que l’on découvre les multiples possibilités de cette dernière version de smartphone.

Au fil du temps, cependant, ce sentiment s’étiole jusqu’à disparaître. Le tee-shirt devient un tee-shirt comme un autre. Le téléphone nous devient tellement familier qu’on en oublie le plaisir de la découverte.

Avant chaque achat dont tu doutes de la réelle utilité, tu peux essayer d’anticiper ce phénomène d’adaptation hédoniste.

Pourquoi souhaites-tu acheter cette montre ? Si l’aspect fonctionnel est secondaire, et que le style est privilégié, pose-toi la question : l’investissement vaut-il le coût (euh, pardon, le coup), si le plaisir ressenti lors de l’achat aura disparu d’ici une semaine ou un mois, mais avec 250 euros en moins sur le compte bancaire ?

La réponse n’est pas universelle, mais cette petite introspection te fera peut-être prendre conscience que, au fond de toi, l’investissement n’est peut-être pas si intéressant que ça.

Mettre son désir d'achat à l'épreuve

Si malgré tous les « tests » précédents, tu as encore des doutes quant à ton achat, tu peux appliquer une autre technique qui a fait ses preuves : prendre le temps avant d’acheter.

Si au bout de quelques jours, voire quelques semaines, tu ne penses plus à cette montre que tu as vue, peut-être que tu as bien fait de ne pas l’acheter !

Dans le cas contraire, peut-être qu’elle te plaît réellement et que tu vas l’acheter.

Personnellement, j’ai fait quelques économies avec cette petite astuce ! Certes, c’est forcément un peu frustrant sur le moment, mais, à moyen terme, tu es bien content de ne pas avoir cédé à un achat compulsif !

Identifier ce qui nous rend heureux

Photo by D Jonez on Unsplash

De mon point de vue, l’adaptation hédoniste ramène à une question centrale : qu’est-ce qui me rend heureux ?

La définition du bonheur correspond à mon sens à un équilibre émotionnel global sur du long terme. Certains jours, on pourrait déplacer des montagnes, d’autres, le moral n’est pas au beau fixe.

Être heureux tous les jours relève de l’utopie ; on est heureux sur du long terme, si, en regardant en arrière, les hauts et les bas s’équilibrent avec un léger avantage pour les hauts.

C’est en tout cas ma définition personnelle – et peut-être un peu approximative – du bonheur.
Partant de là, le constat est que, du fait de l’adaptation hédoniste, je ne trouverai pas le bonheur dans la surconsommation, qui ne peut apporter qu’une satisfaction court-termiste.
 

Ça a un côté plutôt rassurant, puisque cela signifie qu’il n’est pas nécessaire de dépenser des mille et des cents pour être heureux.

La plupart des achats « futiles » sont liés à des baisses de moral. L’achat permet, pour un certain temps, de compenser facilement une déprime passagère ou une contrariété. Mais, très souvent, la déprime passagère ou la contrariété revient peu de temps après.

D’autres remèdes moins coûteux peuvent être envisagés dans ces cas-là : voir du monde, partir en balade, prévoir un projet à moyen terme, apprendre des nouvelles choses, etc.

Fuir les publicités

Bon, on a déjà pas mal avancé, j’espère que tu suis toujours !

On a donc parlé de l’évaluation du besoin. C’est une bonne habitude à prendre avant un achat, mais elle présente l’inconvénient d’être coûteuse en énergie. Elle demande de faire preuve de volonté, or notre jauge de volonté s’épuise au cours de la journée (et se recharge après une nuit de sommeil).

Donc, plus tu dois réfléchir tard dans la journée à une décision d’achat, moins tu auras envie de mener cette réflexion, ce qui va se traduire par un achat effectif.

En conséquence, le mieux est encore de ne pas avoir à te poser la question, et de ne pas ressentir le besoin d ‘acheter.

Un bon moyen pour cela est de fuir les publicités.

Le but de la publicité est de créer un besoin qui n’en est pas un pour vendre un produit ou un service : avant de voir ou d’entendre la pub, tu étais tranquillement en train de faire un peu de rangement, de rouler en voiture à la campagne, ou de regarder un film. Après la pub, tu sors ton smartphone (sauf si tu es en voiture, bien évidemment) pour te renseigner sur le produit « révolutionnaire » dont tu viens d’entendre parler, ou tu te mets dans un coin de la tête (si tu es en voiture), qu’il faudra te renseigner un peu plus tard sur ce sujet.

Et puis vient le moment fatidique : « Je pourrais peut-être l’acheter, tiens, ça a l’air cool ! ». Et voilà, trop tard : le besoin s’est insinué en toi.

Imaginons la même scène sans la publicité. Tu continues le rangement, tu admires le paysage (en gardant un œil sur la route), ou tu vas te préparer une infusion avant de poursuivre le film.

Et tu n’as besoin de rien d’autre.

Le fameux produit n’a jamais fait irruption dans ta vie, et ne le fera peut-être jamais. Finalement, tu n’en as peut-être pas si besoin que ça. Tout ce que tu demandes, à cet instant, c’est de finir ton rangement, profiter de la balade, ou finir ton film.

Alors, lorsque vient le moment des publicités, n’hésite pas : coupe la télé, éteins la radio. Il existe aussi des bloqueurs de publicité pour internet.

Et si malgré tout tu es confronté à une publicité vantant un produit qui éveille ton attention, prends conscience de ce qui suit : si le besoin d’achat que tu ressens n’était pas là avant la pub, c’est que ce n’est pas un besoin réel.

L’environnement te le rendra, et ton porte-monnaie aussi.

Pour l’anecdote, il est intéressant de noter que le site Nos Gestes Climat, qui te permet de simuler ton empreinte carbone, consacre un poste entier, dans les actions à entreprendre pour la diminuer, aux publicités et aux soldes, qu’il vaut mieux ignorer.

Cela permet de limiter la surconsommation et de ne remplacer des produits obsolètes que lorsque c’est indispensable.

Un petit mot sur les zones commerciales

Photo by Juho Luomala on Unsplash

Les zones commerciales rassemblent tout un tas de commerces et sont donc très pratiques pour regrouper des achats.

Mais c’est à double tranchant : c’est un lieu où tu trouveras un concentré de publicités, et qui risque d’épuiser rapidement ta jauge de volonté.

Le risque est bien entendu que tu fasses plusieurs arrêts dans des boutiques dans lesquelles tu n’envisageais pas de passer initialement.

Si tu dois acheter quelque chose de précis, privilégie une boutique hors centre commercial, cela t’évitera d’être tenté(e) de réaliser un ou deux achats compulsifs (et, rappelle-toi, tu as déjà deux tenues de sport dans ton placard, sois raisonnable !).

Ne pas dépenser l'argent que l'on n'a pas

On arrive à un concept-clé du domaine de la gestion de ses finances personnelles. Il peut sembler évident au premier abord, et pourtant, il est loin de l’être : « en général, ne pas dépenser l’argent que l’on n’a pas. »

Je t’entends déjà penser tout haut : « qui peut dépenser l’argent qu’il n’a pas, et surtout, comment ? »

Il y a deux moyens pour cela.

Le crédit bancaire

Le premier, bien connu, est le crédit bancaire. Le recours au crédit est parfois incontournable, par exemple pour acheter sa résidence principale ou réaliser un investissement immobilier, la majorité des gens n’ayant pas les moyens d’acheter comptant une maison ou un appartement. Il s’agit dans ce cas d’un crédit immobilier.

Le recours à un crédit pour acheter un bien de consommation est, à mon sens, plus discutable : s’agit-il d’acheter une voiture ou une télévision ? La voiture te permettra de te déplacer, la télé, de regarder des films, des séries ou des infos.

N’hésite pas à revenir aux critères mentionnés plus haut relativement à l’évaluation du besoin (nécessité, durabilité, rapport qualité/prix, dimensionnement, usage prévu).

Si tu en as la possibilité, évite les crédits à la consommation. Ils plombent tes finances personnelles pendant quelques mois, voire quelques années, ainsi que ta capacité d’endettement qui pourrait te servir pour acheter ta résidence principale ou, pourquoi pas, investir dans l’immobilier locatif.

Dépenser plus que ses rentrées d'argent

Le second moyen pour dépenser de l’argent que l’on n’a pas est un peu plus sujet à débat, car il est essentiellement comptable.

Supposons que tu aies 200 euros sur ton compte en banque et que tu touches un salaire de 1500 euros à la fin du mois de juin. Tu as donc 1700 euros sur ton compte le 30 juin.

Tu arrives au 31 juillet en ayant dépensé (en achats divers, abonnements, etc.) 1470 euros. Il te reste donc 230 euros sur ton compte.
 
Le même jour, tu vois un meuble qui te plaît à 140 euros. Que fais-tu ?
 
Ton compte en banque te dit : « vas-y, achète ». Il te resterait alors dessus 90 euros.
 
Mon conseil – tu l’auras deviné – est le suivant : n’achète pas.
 
La raison est assez simple, et, comme évoqué plus haut, purement comptable : tu as touché fin juin un revenu de 1500 euros, considère donc que c’est une somme maximale imputable aux dépenses du mois de juillet.
 
Si tu achètes le meuble, tu auras dépensé en tout 1610 euros, et tu seras donc en déficit « virtuel », pour le mois de juillet, de 110 euros. Tu auras donc dépensé de l’argent que tu n’as (virtuellement) pas. Ponctuellement, ce n’est pas forcément gênant, mais, en reproduisant ce modèle chaque mois sur une année, ça fait 1420 euros de déficit, soit près d’un mois de travail !
 
Pour éviter cela, n’hésite pas à tenir des comptes de tes dépenses (et de tes revenus), et vise un solde positif à la fin du mois. Tu peux aussi attribuer une somme maximale à dépenser par semaine, pour plus de contrôle.
 
Tu peux profiter de cette tenue de comptes pour te constituer une épargne de précaution (de 3 à 6 fois le montant de tes dépenses mensuelles environ), qui te permettra de couvrir d’éventuels imprévus.
 

Acheter d'occasion

Un autre moyen de ménager l’environnement et ton porte-monnaie est d’acheter d’occasion.

Côté environnement, le bien acheté est réutilisé et il n’est pas nécessaire d’exploiter de nouvelles ressources pour le fabriquer. Côte porte-monnaie, tu paies moins cher que le neuf. Tout le monde y gagne.

Emmaüs et Le Bon Coin sont des exemples bien connus parmi tant d’autres (mon avis sur la plate-forme de vente en ligne de livres d’occasion Recyclivre), qui te permettent d’acheter des produits variés tels que des meubles, des livres, CD/DVD, vaisselle ou vêtements (liste non exhaustive).

N’hésite pas à te renseigner autour de toi ou sur internet pour connaître les initiatives locales.

Bien entendu, le marché de l’occasion ne propose pas du « sur-mesure », c’est-à-dire que si tu cherches un produit particulier, il y a des chances que tu ne le trouves pas.

C’est d’ailleurs généralement ce qui pousse les consommateurs à se tourner vers le neuf : on sait où le trouver, et il correspond à nos goûts.

Rien n’est parfait.

En contrepartie, le marché de l’occasion te permet tout de même de sacrées économies.

Tu achèteras par exemple chez Emmaüs des meubles autour de 50 euros, au lieu de plusieurs centaines d’euros. Ce n’est pas rien.

Oui, il ne sera pas exactement de la couleur que tu souhaitais. Oui, il sera légèrement plus petit que celui que tu recherchais.

La question qui se pose est la suivante : est-ce si fondamental ?

Dans le pire des cas, si tu n’arrives pas à t’habituer à ton meuble, tu peux par exemple le revendre, et il ne t’aura rien coûté de plus que quelques tracasseries (que tu pourrais avoir de la même manière pour échanger un produit neuf).

Dans le meilleur des cas, tu te rends compte que, finalement, il ne fait pas si mal dans ta salle à manger. Et tu as économisé 500 euros.

Rien ne t’oblige d’ailleurs à t’initier à l’achat d’occasion en commençant par des meubles. Tu trouveras facilement de la vaisselle ou des chaussures à quelques euros.

Quelques petits achats de ce genre te permettront de t’habituer progressivement.

La force de l'habitude

L’un des derniers points que je voulais aborder – et pas des moindres – est la force de l’habitude.

La raison pour laquelle l’écologie est devenue un sujet central à notre époque vient du fait que nos habitudes de consommation, et plus généralement notre mode de vie, ne sont pas en adéquation avec notre environnement.

Dans la plupart des pays occidentaux, l’être humain mange trop (et mal). Cela conduit à un élevage et une agriculture intensive, ce qui implique de maximiser les rendements agricoles et donc nécessite notamment le recours à des produits chimiques nocifs aussi bien pour l’être humain que pour son environnement.

Or, pour produire des aliments sains, la nature a besoin de temps. Une année compte quatre saisons, et chacune d’elles est nécessaire à la production de notre nourriture, selon un cycle naturel.

L’être humain a un besoin toujours plus important de facilité et de confort. Combien de nouvelles technologies proposent d’épargner un effort à son utilisateur ?

Tout est maintenant livré à domicile, les GPS font passer les conducteurs en conduite passive et automatique, les télécommunications développent des réseaux de plus en plus rapides, et il suffit de poser une question à son smartphone pour nous économiser une recherche et obtenir une réponse rapide.

Or, l’être humain a besoin de faire fonctionner son corps (par l’effort physique) autant que son esprit (par l’effort intellectuel) pour le maintenir en bon état de marche.

La liste est longue.

Il ne s’agit pas de nier le côté positif des nouvelles technologies, ni la délicate et primordiale question de l’accès à la nourriture pour une population toujours grandissante.

Il s’agit de recentrer l’Homme avec son environnement.

Il n’est pas possible d’aller toujours plus vite. La nature n’est pas prévue pour ça, et cela épuise ses ressources.

Il n’est pas possible d’aller vers toujours plus de confort et de facilité. L’être humain n’est pas prévu pour ça, et cela détériore la machine (son corps autant que son esprit).

Comme pour beaucoup de choses, tout est question d’équilibre.

Il est donc essentiel de revoir nos habitudes de vie. Mais le problème d’une habitude, c’est qu’elle est difficile à changer. Tous ceux qui, sur une résolution de Nouvel An, ont voulu se mettre au sport sur du long terme, pourront en témoigner : il ne suffit pas de le dire pour y parvenir.

Une habitude est un schéma ancré dans le cerveau, un sillon qu’on y a gravé patiemment, en répétant la même action au quotidien. Pour la modifier, il faut donc tracer un autre sillon, avec d’autres actions, suffisamment longtemps pour que le cerveau emprunte cette nouvelle voie.

La mauvaise nouvelle est qu’il faut du temps et de la volonté pour changer une habitude. La bonne, c’est que c’est possible – et relativement simple sur le papier – : il suffit de répéter une action, encore et encore, jusqu’à ce qu’elle devienne prépondérante.

Lorsque tu auras réussi, et que tu verras plus tard une paire de chaussures magnifiques dans un magasin, tu ne te diras plus « Il me la faut ! », mais « C’est vraiment cher pour ce que c’est, ils se font une marge de fou, sans compter l’impact carbone nécessaire à sa fabrication… ».

Enfin, quelque chose dans ce goût-là.

Personnellement, j’ai eu ma période au cours de laquelle j’aimais bien aller dans des boutiques acheter des nouveaux vêtements. Maintenant, je passe devant sans manifester d’intérêt, trouvant cela démesurément cher et finalement absurde par rapport au prix réel du vêtement et à sa qualité, et aux conséquences écologiques qui y sont liées.

Pour faciliter la mise en place des nouvelles habitudes, commence petit. N’essaie pas de modifier toutes tes habitudes de vie en même temps, ça sera très probablement trop colossal pour un début, et vite décourageant.

Commence par exemple par acheter en vrac, plutôt que sous emballage.

De prendre ton vélo ou tes jambes pour un déplacement sur une petite distance, plutôt que ta voiture. De fabriquer ton déodorant maison.

Choisis une action écologique, celle que tu veux, et applique-toi à la mettre en œuvre dans ton quotidien. Au bout d’un certain temps, cela ne te demandera plus d’effort : bravo ! Tu as mis en place ta nouvelle habitude. Voici venu le temps d’en choisir une autre.

L’avantage de procéder ainsi, c’est que tu gères une nouvelle action à chaque fois, ce qui n’épuise pas (trop) ta jauge de volonté.

Pour choisir de nouvelles actions à mettre en place dans ta vie, je te recommande la lecture du livre Écologique sans me ruiner, d’Aline Gubri, que tu pourras retrouver dans la liste de mes idées de lecture !

Le plus important : de temps en temps, lâcher prise

Photo by Brett Jordan on Unsplash

Bon, eh bien, ça fait pas mal d’infos tout ça !

Avant de conclure, un dernier point tout de même – peut-être le plus important, d’ailleurs.

A savoir : oublie tout ce que je viens de dire !

COMMENT ?! REM-BOU-RSEZ !

Bon, d’accord, n’oublie peut-être pas TOUT… Mais il me semble essentiel, de temps en temps, de lâcher prise et de se faire plaisir.

Tant pis si ton achat n’est pas 100 % écologique. C’est même parfois salutaire : qui serait capable de tenir un régime alimentaire strict sur du long terme, s’il ne craquait pas de temps en temps pour un fondant au chocolat ou un burger ?

C’est un mal pour un bien.

De toute manière, trouver un produit 100 % écologique est pratiquement mission impossible, tant les aspects à prendre en compte sont variés (zéro déchet, émission carbone, déforestation, espèces animales en voie de disparition, etc.) et l’offre est encore imparfaite.

Donc, la chose à retenir : ne te culpabilise pas si tu n’arrives pas à respecter ton nouveau cahier des charges écolo. Sois tolérant envers toi-même. Limiter sa surconsommation n’est pas un exercice facile, en particulier parce qu’elle demande de modifier notre mode de vie, profondément ancré en nous.

Par ailleurs, tout ne dépend pas seulement de nous. De nos jours, la demande a tendance à évoluer vers l’écologie, mais il faut un certain temps pour que l’offre suive – une entreprise aussi met du temps à changer ses habitudes.

La conversion en bio d’une entreprise agricole est un bon exemple. Encourager une telle conversion nécessite d’acheter pas tout à fait écolo, mais n’est-ce pas un pas dans la bonne direction ?